Admettons que le jeudi soit le jour où les enfoirés sortent pour prendre l’air.

Aujourd’hui j’avais oublié que c’était le jour des enfoirés (je croyais qu’on était mardi) et je me suis garé dans un parking d’immeuble où il n’y avait personne (l’immeuble est moche). Au moment M où je rentrais dans mon automobile bleutée, un vieux monsieur, cheveux beiges, peau beige, blouson beige chaussures beiges, m’a accosté d’un bonjour agressif et m’a proprement pourri car je m’étais garé en toute sérénité sur un parking privé.

Malgré mon sentiment mitigé de culpabilité, j’avais envie de lui casser les dents. Mais c’est pas parce que j’ai un blouson de cuir noir (avec un aigle sur le dos) que je tape les vieux enfoirés.
– Je note votre plaque d’immatriculation a-t-il dit l’air important. La prochaine fois ce sera LA POLICE.
En notant, son crayon tremblait d’émotion sur son petit papier pourrit, d’avoir chopé une grosse vilaine délinquante comme moi.

Et puis le vieux pou procédurier a ensuite brandi son papelard comme un sabre laser aux super pouvoirs.
Lassée de la fermer gentiment, j’ai dit:
– Monsieur, j’aimerai avoir autant de temps libre que vous pour emmerder les gens et je suis sure que dès que serais à la retraite j’aurais un plaisir immense a faire chier le monde comme vous le faite.

J’ai démarré sans faire rugir le moteur, proprement. Il s’est mis à boitiller tout seul devant ma voiture avec son grand panier d’où sortait un poireau solitaire, en m’empêchant d’avancer. Je l’ai doublé – j’ai ouvert ma fenêtre, ça me dérangeait, j’ai lancé :
– Dépêche-toi pépé, tu vas rater Motus !

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