Jeudi en revenant du marché je me suis fait cette réflexion (le marché est pour moi une puissante source d’inspiration) :

Ma main lacérée par l’anse de ce sale panier qui me scie les phalanges allait quelques minutes plus tard enfourcher mon pinceau et lui faire faire de telles volutes qu’à la fin du mois, des gens sont satisfaits et j’ai plus d’argent sur mon compte qu’au début.

Ma main qui sait palper le moelleux d’un kiwi sait aussi (sous la contrainte) dessiner la douceur d’une fesse. En plus elle est jolie et fuselée. Elle a quelques points de tatouages faits accidentellement, lorsque gamine je dessinais à l’encre de chine et à la plume sergent major des chevaux échevelés.

Elle se contracte pour porter ce sale panier plein de trucs si lourds les doigts collés serrés crispés (le caddie c’est pour les mémés), elle coiffe des cheveux, caresses des joues glabres ou piquantes, épluches les carottes, remonte des culottes, tapote le clavier, change les vitesses, zippe les bottes, effleure les tissus, flatte le poil des chiens, zappe, éponge avec dextérité, goûte l’eau du bain, scratche les couches, plie les pulls, blush mes joues, agrippe le cutter, gomme, dessine, peint, croque, crayonne, gribouille.

Elle méritait bien quelques lignes…qu’elle s’est écrites elle-même.

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